mardi 30 octobre 2018

La voie du sentir, c'est quoi ?

La route, c’est toi.
Celui qui marche, c’est toi.
Et le résultat, c’est toi.

Luis Ansa




La voie du sentir, un art de vivre


La voie du sentir a été fondée par Luis Ansa autour des années mille neuf cent quatre-vingt. 

La voie du sentir n’est pas un enseignement comme on a l’habitude d’en recevoir, il n’y a pas de dogme, pas de théorie, c’est un ensemble de pratiques qui s’approfondissent constamment dans un rapport créatif à la vie.

En ce sens, celui qui cherche une philosophie dans la voie du sentir y trouvera une philosophie, celui qui cherche une thérapie y trouvera une thérapie, celui qui cherche un chemin d’éveil le verra se dessiner au fur et à mesure de ses pratiques, et celui qui est mystique y trouvera une mystique.

D’une façon générale, on pourrait dire que cette voie a plusieurs caractéristiques :

La première, c’est qu’il s’agit d’une voie du corps. Quand on parle de « voie du corps », on entend généralement une pratique corporelle qui vise à maîtriser le corps pour obtenir un état particulier. Ici, il n’est pas question d’un rapport de domination mais d’une relation d’amour et d'écoute à travers l’éveil de la sensation.

La seconde caractéristique, c’est qu’il s’agit d’une voie féminine. Elle s’adresse bien sûr autant aux hommes qu’aux femmes mais elle va faire appel à nos capacités féminines de réceptivité, de sensibilité, de dilatation. Elle est également féminine par ses modalités : cette voie ne repose pas sur des dynamiques telles que « effort-mérite » ou « châtiment-récompense », mais sur l’amour profond de la vie et l’élan naturel de vouloir la protéger, sur nos qualités de cœur, sur nos capacités relationnelles.

La troisième caractéristique concerne l’aspect chamanique du travail intérieur qui est proposé dans cette voie et qui est souvent mal interprété.
Luis Ansa disait :
« Lorsque je parle de chamanisme, je ne parle pas du chamanisme que vous connaissez ou de celui qui est lié à une culture donnée, je parle d’un chamanisme actuel, entièrement recréé, sans aucun folklore, sans croyance, sans transe et sans aucune drogue. »
En ce sens, la voie du sentir ne vient pas de Bolivie ou du Mexique. Elle est le résultat d’une vie consacrée à l’éveil de la conscience car si Luis Ansa a été très tôt immergé dans le chamanisme, il a néanmoins reçu, au cours de son existence, de nombreuses formations au sein de différentes traditions, telle que l’hermétisme chrétien, l'hindouisme ou le soufisme, et cela durant de longues années.
Il insistait particulièrement sur le fait qu'il avait voulu proposer une voie qui soit adaptée à la société occidentale et à notre époque afin de répondre aux besoins des hommes et des femmes d'aujourd'hui. Les outils proposés ont donc été choisis pour leur efficacité et leur pertinence et non parce qu’ils appartenaient à une culture donnée.
On pourrait également souligner que cette voie s’ancre dans ce que l’on appelle en Occident : « la conscience christique ». Luis Ansa était très lié à l'enseignement de Jésus et à la dimension incarnée par Marie.

Une quatrième caractéristique de la voie du sentir pourrait être mentionnée, c’est l’accent mis sur le rôle fondamental de l’expérience. « Posséder un savoir sur la chose ne vous donne aucune expérience de la chose », affirmait-il. En Occident, on confond trop souvent ces deux aspects.
Luis Ansa disait :
« On peut expliquer, donner des indications, mais pour découvrir le goût du café, vous devez le goûter ! Toutes les descriptions que l’on peut vous faire sont inutiles ; à un moment donné, il vous faut goûter le café pour savoir si vous l’aimez. »


Par ailleurs, Luis Ansa a toujours insisté sur le fait que cette voie n’avait pas de propriétaire ni de responsable, qu’elle était de fait un ensemble de pratiques offertes à l’humanité afin que chaque individu puisse, par une pratique quotidienne personnelle, aller par lui-même et sans autorité extérieure vers sa propre autonomie.



Un extrait du livre de Robert Eymeri « Luis Ansa, la voie du sentir », Transcription de l’enseignement oral d’un maître contemporain, Éditions du Relié, 2015

Arrêtons de vouloir tout décider, tout comprendre, tout maîtriser. Dès que nous voulons avoir la maîtrise d’une situation ou d’une chose en particulier, nous créons de la susceptibilité en nous, de l’égoïsme, de la jalousie, de l’agressivité.
La maîtrise m’amène à la comparaison et la comparaison m’amène à la compétition. C’est cela, la prison de l’être humain, la prison de l’amour-propre.

Je suis prisonnier d’une version que j’ai de la vie et du monde et à laquelle je me suis habitué, une version qui me fait croire que tout doit venir de l’extérieur. Je suis persuadé que ce que je cherche : être aimé, que l’on soit gentil avec moi, que l’on me reconnaisse, que l’on me respecte, se trouve à l’extérieur. Mais sentir que tout est amour est un renversement : je ne suis plus dans l’attente que le monde m’aime ou puisse enfin me reconnaître.
Ne cherchez pas l’amour, vivez dans le goût de l’amour. On ne peut pas l’attraper, on ne peut pas le mettre dans un système mais on peut le faire passer dans les actes, à travers une caresse donnée à un chat, dans des petites choses que l’on fait pour rien.
C’est cela, la voie du sentir.